La Fontaine et Darwin, le rat des villes et le rat des champs
Sous Louis XIV La Fontaine noue un dialogue croustillant entre deux rats
Le rat des champs conclut: « Fi du plaisir que la crainte peut corrompre » et invite son hôte à venir dîner chez lui en toute tranquillité
Au XIXème siècle, cœur de la révolution industrielle, Darwin prend conscience de la biodiversité
Ce naturaliste et paléontologue anglais, influencé par l’économiste protestant Malthus, inventorie, classe méthodiquement les espèces animales, végétales, et développe les deux théories de la sélection naturelle et de la concurrence vitale qui modifient la vision du monde naturel et placent l’homme au sommet de la hiérarchie.
La révolution industrielle a déjà commencé ses ravages: surexploitation des réserves, pollution des sols, eaux, atmosphère, disparition d’espèces, urbanisation sauvage, prédation généralisée du monde colonisé mais tout le monde s’en fout car c’est le progrès !
Au XXIème siècle, rats des villes et rats des champs se rencontrent à nouveau
Deux camps s’opposent à propos de la dégradation de l’environnement et du réchauffement climatique engendrés par les activités humaines:
*les adeptes de Darwin qui nient l’ampleur des dégâts, décrètent que l’humanité va triompher grâce notamment, aux retour de croissance, nouvelles technologies, intelligence artificielle, adaptation
*les autres qui préconisent des mesures immédiates, radicales: voir les rapports alarmistes du GIEC et tous ceux qui prônent la frugalité, l’économie de proximité, les productions agricoles locales labellisées bio, le recyclage généralisé et l’arrêt des pollutions
Il y a des rats des villes et des champs dans les deux camps
Question : si La Fontaine et Darwin s’étaient rencontrés, le premier aurait-il dit au second « fi du plaisir que la crainte peut corrompre » ?
Christine Dubedout